A l’occasion de l’édition 2025 du festival culturel Ogobagna, tenue du 27 janvier au 1er février, nos blogueurs ont rencontré le célèbre comédien et écrivain ivoirien d’origine malienne Adama Dahico. Le sujet « Culture » était au cœur de la rencontre. Selon l’ex candidat à l’élection présidentielle ivoirienne, seule la culture peut permettre à une société d’être sur la bonne voie.
Nous rencontrons l’artiste sous un grand chapiteau, paré aux couleurs du festival, à la place du cinquantenaire. Il vient de changer de costume parce qu’il participe, ce jour-là, à un plateau télé avec un média privé local. Ce sera dans trente minutes. On promet donc de faire vite. « Je suis Dolo Noumolo Adama dit Adama Dahico », s’est-il fièrement présenté tout en précisant qu’il est originaire de Sangha, une localité située à environ 45 km de Bandiagara. Dahico, ajoute-t-il, est dogon et vient de la Côte d’Ivoire.
Depuis 2015, le comédien et écrivain participe régulièrement à cette grande messe culturelle qui enregistre des milliers de visiteurs. « Le festival culturel Ogobagna est à sa dixième édition. Je n’en ai manqué aucune. J’ai donc fait un 10/10 », se réjouit-il, avant de poursuivre : « Nous sommes tous conscients que ce que nous ont légué nos ancêtres comme patrimoine, nous avons la responsabilité de le préserver, de le promouvoir et de le valoriser (ndlr : danses koroba, lutte traditionnelle, débat sur mariage traditionnel, course de pirogues, sortie de masques etc) ».
« Des considérations qu’il faut préserver »
Notre interlocuteur se réjouit donc de cette immersion dans nos traditions et cultures et des échanges culturels aux côtés d’autres communautés : « Je veux parler des Bozo, des Sonrhaïs, des Peulhs, des Senoufos, ainsi que de nos tuteurs ‘’légaux’’ du grand Mandé. Ogobagna, pour nous, est un pèlerinage, on vient pour apprendre et pour échanger ».
Depuis 2012, le Mali traverse une crise multiforme. Ce qui a notamment mis en mal la cohésion sociale. Répondant à une question relative au festival dans la résolution des conflits et dans la sauvegarde des droits humains, il déclare que nos civilisations ne sont pas nées aujourd’hui : « Cela nous rappelle la manière dont la cohésion sociale était pratiquée à l’époque où il y avait des pactes et des alliances. »
Il a également souligné le fait qu’il y avait des possibilités qui permettaient aux différents peuples de se respecter, de se parler, de savoir qu’on peut ne pas s’entendre mais qu’il y a un minimum de vie qu’il faut préserver. Il y a, a-t-il ajouté, des considérations qu’il faut préserver : connaitre la place de la femme, de l’enfant, de la personne âgée, de celui qui a des bras valides. « C’est ainsi qu’on gérait les conflits. »
Pour terminer, il a déclaré être certain que les intellectuels ont compris que c’est à partir de la culture que l’on pourra permettre à une société d’être sur la bonne voie.
Moîse Traoré, Sanou Koniba