Les médias sociaux font désormais partie de nos vies. Aussi étrange que cela puisse paraître, ils sont à la fois des espaces privés et publics pour nous dans un univers ouvert à tout le monde. Ils sont devenus nos albums photos et nos journaux intimes, là où nous gardions nos plus grandes confidences. Pour plusieurs spécialistes, nos activités sur les réseaux sociaux en disent beaucoup sur notre personnalité. Ce qui peut nous ouvrir ou nous fermer des opportunités notamment d’emploi. Explications.
Les réseaux sociaux rapprochent les individus les uns les autres, dans le but de créer une communauté de partage d’intérêts ou une communauté agissante. Ainsi, nous y exprimons nos goûts, nos pensées, à travers nos vécus, voire notre intimité bien de fois. Ce qui restait autrefois dans un cadre privé et purement personnel est partagé et mis à la disposition d’un public large. Les réseaux sociaux parlent de nous. Ce que nous y postons traduit notre vision, notre compréhension, nos pratiques quotidiennes, bref, retrace notre personnalité. Le profil que nous incarnons sur les médias sociaux demeure une représentation de notre personnalité réelle, hors espace virtuel.
Sur le marché de l’emploi, les compétences pratiques demeurent notre plus grand atout à faire valoir. Cela dit, au-delà des compétences, les recruteurs cherchent de plus en plus à découvrir les traits de personnalité des postulants (leurs visions, leurs attitudes, leur sérieux, etc.). Avant même de passer à un entretien d’emploi, en tête-à-tête, les recruteurs, surtout au compte d’ONG (Organisations non gouvernementales) ou de multinationales, font de plus en plus, des tours d’horizons sur les comptes de réseaux sociaux des différents candidats. Une étape considérée désormais comme nécessaire pour procéder à des choix plus éclairés. Les images osées, les commentaires et propos injurieux, entre autres, postés, font échapper à certains demandeurs d’emplois des opportunités qu’ils pouvaient décrocher par leurs compétences.
La réputation numérique, un enjeu désormais
A l’ère du numérique, le profil en ligne de tout un chacun parle mieux qu’un curriculum vitae (CV) faisant le descriptif des diplômes et compétences acquis. Dans l’espace numérique, nous laissons des traces. Selon Bokar Kinta, consultant en marketing et communication digitale, « notre image ne se construit plus seulement dans les bureaux, les salles de classe ou lors des rencontres en face à face. Une grande partie se joue en ligne. Et si nous ne prenons pas soin de cette image, Internet s’en chargera à notre place et pas toujours de la meilleure façon. » Pour ce détenteur d’une certification en E-réputation, dans le milieu professionnel, un recruteur, un investisseur ou un partenaire cherchera toujours à en savoir plus sur nous. « Notre réputation numérique peut nous ouvrir des portes ou les fermer », explique-t-il.
Au Mali, la jeunesse est confrontée à des défis d’accès à des emplois formels, stables et sécurisés. Malheureusement, les réseaux sociaux apparaissent comme un nouveau phénomène où l’ignorance et les divertissements nous pénalisent dans le cadre professionnel.
Gaoussou Doumbia est consultant et formateur en développement de carrière. Il est régulièrement sollicité par des structures de la place pour appuyer et accompagner leurs services RH (Ressources Humaines) dans des activités de recrutement. Il explique avoir vécu une expérience où un candidat a perdu ses chances d’accéder à un emploi au sein d’une multinationale, en raison de ses prises de position envers la politique d’un État influençant fortement la multinationale en question. « Les réseaux sociaux ne sont pas consultés dans tous les cas de recrutement, fait-il observer, mais dans d’autres cas, ils le sont et la sentence peut être pénalisante. »
Responsabilité et prudence dans notre conduite
Issiaka Oumar Cissé, directeur associé du cabinet ‘’Repère’’, spécialisé dans la formation, le recrutement et l’accompagnement des Ressources Humaines, appelle pour sa part au sens de la responsabilité en utilisant les réseaux sociaux.
« Mieux vaut ne pas être sur les réseaux sociaux que d’avoir une mauvaise réputation sur l’espace numérique, prévient-il. Ne pas y être aussi, c’est réduire considérablement ses chances sur le plan professionnel, car nous sommes à l’ère du digital. Parler sur son domaine de compétences, participer à des séminaires, ateliers et formations et en parler sur les médias sociaux, sont des éléments de présence qui donnent une bonne réputation. »
En tant qu’individu, nous pouvons tous commettre des erreurs, cela est humain, mais « que chacun prenne un moment, de temps en temps, de faire le ménage sur ses comptes des réseaux sociaux. Mettez en avant ce qui vous valorise. Vos réseaux sociaux sont en réalité un curriculum vitae caché que les recruteurs décodent », conseille le spécialiste en communication et en e-réputation, Bokar Kinta.
Dans un monde compétitif, notre image est notre carte de visite la plus visible. L’exposition du physique sur les réseaux sociaux peut par exemple faire accéder une catégorie de personnes à des opportunités d’emplois dans les secteurs de la mode, de la publicité, de l’hôtellerie ou de la restauration, et au même moment, les faire disqualifier dans des secteurs où la surexposition physique est déconseillée. Tout doit être fait avec sens élevé des responsabilités. Les réseaux sociaux mettent en relief ce qu’on décide d’y montrer. Ils constituent des nouveaux outils entre des mains souvent non préparées, pour apprendre, s’informer, s’exprimer et se créer des opportunités. Cela dit, entre profiter des médias sociaux et se faire pénaliser, il n’y a qu’un pas.
Cet article a été rédigé par Lamissa Diarra, et édité par Sag. Bi.




